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1 février 2017 - Klara Langer 

La communauté
Thomas Vinterberg

ACTUALITÉ

   Mais que faire d’une grande maison de 450 m² héritée à la mort de ses parents ? Créer une communauté ! C’est ce que décident de faire Erik et Anna dans le nouveau film “La communauté” de Thomas Vinterberg (réalisateur de “Festen” et “La chasse”). “ 450m² c’est bien trop. Quand on vit ensemble, on voit et on entend les autres !”. C’est de cette déclaration d’Erik que part la résolution d’Anna d’inviter plusieurs de leurs amis à emménager avec eux et leur fille Freja. Alors Olle arrive avec ces deux sacs en plastique pour toute possession. Et Steffen et Ditte avec leur fils de 6 ans, Vilads. “Je vais mourir à 9 ans”, est l’une des rares phrases prononcée par ce dernier tout au long du film. Puis se joignent Mona, une jeune femme pleine de joie, et Allon, chômeur mélancolique. Tout semble bien se dérouler dans cette communauté. Les décisions sont prises en commun, les membres se soutiennent, tout le monde rit, tout le monde boit, on profite de la vie. Oui, tout va bien. Jusqu’à ce que Erik, professeur d’architecture, entame une relation amoureuse avec son élève Emma. De là va commencer la descente aux enfers d’Anna. Pourquoi Erik ne veut-il plus d’elle ? Est-elle trop vieille ? Trop laide ? Accepter Emma dans la communauté pourrait-il l’aider à conserver le lien étroit qu’elle avait jusqu’ici avec son mari ? Si elle accepte la liaison entre Erik et son étudiante, l’un des deux époux doit-il quitter la communauté ? C’est Trine Dyrholm que Thomas Vinterberg à choisi pour ce rôle. Rôle qu’elle joue bien sûr à merveille, gagnant ainsi un ours d’argent de la meilleure actrice au festival du film de Berlin de 2016 pour son interprétation.

 

 

Genèse du film

 

Pour ce film, d’abord réalisé sous forme d’une pièce de Théâtre à Vienne, Thomas Vinterberg s’inspire de sa propre enfance. Il a lui même grandi dans une communauté danoise, dans les années 70. Avant la projection du film en avant-première mercredi 4 novembre au cinéma des cinéastes, il a déclaré : “J’ai moi même grandi dans une communauté. Entre des canettes de bière, des intellectuels et des parties génitales.”. Il s’inspire de sa propre enfance : oui, mais pas trop. A la question de l’un des spectateurs lors de l’avant-première, qui demandait si Freja était son parallèle dans le film, il élude en disant qu’un réalisateur met toujours de lui dans chaque personnage. Il est tout aussi bien Freja, qui passe son adolescence dans une communauté, que Erik, qui a une liaison avec une femme plus jeune.

 

Kollektivet

 

Quelle vision nous est ici donnée des communautés, pratique florissante il y a 40 ans, et aujourd’hui encore ? “Mes origines scandinaves m’attirent vers la noirceur, mais j’ai essayé ici de montrer aussi bien les aspects positifs que les aspects négatifs d’un tel mode de vie.” a déclaré le réalisateur. En effet : la limite entre soutien mutuel et empiètement dans la vie des autres est fine, et si l’on partage les moments de joies, l’on est aussi entraîné dans toutes les crises des uns et des autres. “La communauté” nous plonge en fait dans une grande famille. On peut y voir l’évolution des uns et des autres. Et surtout les grands moments de la vie : l’adolescence de Freja, la peur de vieillir d’Anna, la séparation des époux, la mort de Vilads. Mais Vinterberg souligne : “Si les parents avaient été seuls, à la mort de l’enfant, ils se seraient effondrés. Mais là non. Dans la communauté, la vie continue. Ils se soutiennent.”. En plus de plonger dans une vie de famille, on est entraîné dans le monde des années 70 : musiques de rock anglaises ou danoises, pantalons patte d’eph, couleurs chaudes, et philosophie hippie sont au rendez-vous dans la maison de Copenhague.

 

Un film esthétique

 

Tous ces éléments combinés mènent à un long-métrage splendide. Tout le monde peut y trouver son goût : aussi bien les spectateurs à la recherche d’un travail esthétique, qui apprécieront la technique du film, avec ses passages par le flou, ses gros plans surréalistes et ses lumières nordiques douces, que les fans des années 70 qui se trouveront immergés dans une autre époque. De même pour les amateurs de drames qui pourront trouver le film tout autant à leur goût que les spectateurs préférant les comédies.

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Klara Langer

À PROPOS DE L'AUTEURE 

Klara Langer

Etudiante en 1ère année de double licence histoire de l'art et droit, expatriée du sud vers Paris. Je me passionne pour des effets de lumière et de couleur, les (très) grands formats et les post-it.

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