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Dessiner d'après les maîtres : Poussin, Fragonard, Géricault... ​

Photo du rédacteur: ApartéAparté

Si le dessin n’apparait plus aujourd’hui comme la pierre angulaire de la formation d’un artiste, l’exposition présentée actuellement à l’ENSBA rappelle qu’il en a longtemps été autrement. Plus qu’au seul exercice du dessin, l’exposition Dessiner d’après les maîtres est consacrée aux relations artistiques que certains artistes en formation ont pu établir avec quelques-uns de leurs plus illustres prédécesseurs.


Sous le régime académique, tout artiste devait être en mesure d’imiter d’abord pour s’approprier ensuite une manière propre. C’est la même imitation que l’on retrouve au cœur du mythe fondateur de l’art du dessin. Pline l’Ancien relate dans son Histoire Naturelle que la fille de Boutadès, pour garder auprès d’elle l’image de son amant partant pour la guerre, avait tracé les contours de l’ombre qu’il projetait sur un mur à l’aide d’un charbon de bois.


Des très riches collections de l’institution, 33 dessins de l’Ecole française ont été sélectionnés et constituent un parcours tant cohérent que diversifié. Réalisés à la plume ou à la sanguine, à la pierre noire ou au lavis, les dessins présentés déclinent de nombreuses techniques et esthétiques. Ils sont en outre mis en perspective avec certaines des œuvres qui les ont inspirés, ce qui permet au visiteur de mesurer à sa juste valeur l’écart qui sépare l’oeuvre originale de sa déclinaison.  Que retient Fragonard de Rembrandt lorsqu’il exécute un dessin à la plume d’après une huile sur toile du maître hollandais ? A quels répertoires iconographiques et artistiques l’étude des Trois Grâces pour Le Parnasse de l’Opéra de Paris de Paul-Jacques-Aimé Baudry puise-t-elle ? Quelle partie du Jugement Dernier réalisé par Michel-Ange dans la Chapelle Sixtine retient l’attention de Jean-Baptiste Carpeaux et pour quelle raison ? Voici le type de questions que soulève une visite de cette exposition, questions auxquelles le remarquable catalogue accompagnant l’exposition aidera les visiteurs avertis à esquisser des réponses.


Olivier Bonfait souligne dans l’essai qui accompagne le catalogue des œuvres qu’il est essentiel qu’un artiste parvienne à appréhender le talent de ses prédécesseurs en se le réappropriant : il ne s’agit de rien de moins que de « trouver son propre soi tout en s’inscrivant dans la tradition ». Comme le rappelle Léonard de Vinci : « triste est l’élève qui ne dépasse pas le maître ». Pour reprendre une expression que l’on était d’avantage habitué à voire illustrée en politique, il semblerait bien qu’il s’agisse là aussi de tuer le père…


L’exposition se prête d’autant mieux à la contemplation des dessins présentés qu’elle est accrochée dans le Cabinet Jean Bonna, au coeur des Beaux-Arts de Paris. Cet espace intime et à taille humaine met les visiteurs dans les meilleures conditions qui soient pour apprécier des dessins de maître rarement montrés. Nouvellement titulaire de l’appellation « musée de France », les Beaux-Arts de Paris entendent par ailleurs déployer prochainement leurs collections sous la forme d’un parcours muséal dont l’exposition Dessiner d’après les maîtres permet un alléchant avant-goût.



Théodore Géricault, La nuit d’après le tombeau des Medicis de Michel-Ange. Plume, encre brune


Dessiner d’après les maîtres : Poussin, Fragonard, Géricault… 

ENSBA Paris - Cabinet des dessins Jean Bonna

Jusqu'au 13 avril 2018




Baptiste Roelly


Etudiant master d'histoire de l'art.

Fasciné par la question du sacré dans l'art, la peinture de Balthus et les livres anciens,  je suis chargé de la relecture et de la correction des articles.

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