Jusqu’au 15 janvier 2017, l’artiste contemporain Ben est mis à l’honneur le temps d’une exposition au musée Maillol. Connu pour ses phrases, a priori banales, peintes en blanc sur fond noir, cette exposition nous permet de découvrir une facette plus complexe du personnage. 

 

Avec plus de 200 œuvres issues de collections privées et de sa collection personnelle, l’artiste nous dévoile son parcours créatif et nous amène au questionnement. Tout y passe : l’art particulièrement et sa reconnaissance en tant que tel, la vie, l’amour, la guerre, l’égoïsme, les religions, le temps, le sexe, le rôle de l’artiste…Bref, Ben est un artiste qui semble en interrogation permanente et qui tente, au travers de ses créations, de pousser le spectateur à la même réflexion. 

 

L’exposition est organisée de manière chronologique et suit les différentes étapes du parcours créatif de Ben.

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Tout commence dans les années 1950, époque où le franco-suisse, né en 1935, se dessine un nouvel objectif en tant qu’artiste : créer quelque chose de nouveau, d’inédit. Dès lors il tente un travail sur les formes et retient celle de la « banane » qu’on reconnaitra comme étant sa marque de fabrique sur plusieurs de ses œuvres. Au même moment Ben créer ses première « phrases » qui font aujourd’hui sa renommée. Malgré l’importance de la forme dans beaucoup de ses œuvres, l’artiste déclare s’intéresser plus au contenu, c’est-à-dire aux mots et au sens de la phrase qui résulte de leur assemblage. 

 

Par la suite, on découvre un Ben se questionnant sur le sens de l’art. L’artiste s’inscrit dans l’héritage de Marcel Duchamp et s’inspire de ses « ready-made ». Ainsi, même si l’on retrouve principalement des peintures, l’artiste s’amuse à assembler différents objets et à leur faire perdre leur sens pratique. Comme Duchamp, il pense que « tout est art », du moment que l’artiste le décide et rejette les différentes formes de jugement. Selon Ben, lui seul est capable de décider ce qui est art et ce qui ne l’est pas au sein de sa production. Les tableaux- écritures de l’artiste cherchent à choquer, dérouter et provoquer, par la remise en cause du rôle de l’art et de l’artiste (« l’art est inutile rentrez chez vous », « vous ne le savez pas mais ceci est de l’art » « art=Ben »). L’artiste finit par nuancer ses convictions, d’où le fameux « Is everything art ? ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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On est face à un homme qui, comme je l’ai évoqué précédemment, est en doute permanent et ce jusque dans son statut d’artiste. On pourra lire dans ses œuvres des « Je suis le plus important » comme des « J’ai honte d’être ici pour me faire voir » ou des « Je n’ai rien trouvé ». Un artiste qui apparait donc comme pétri de contradictions.

 

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Ben est également un précurseur de ce qu’on appelle des « happenings ». Dans les années 60, dans l’idée de provoquer il tente de sortir l’art des galeries pour l’amener dans la rue, d’être là où on ne l’attend pas. Chacune de ce qu’il voit comme ses expériences, est documentée et exposée au sein de cette exposition. En 1961, on le voit sur une photo détruire ses œuvres d’art. La description ? « J’ai peint intentionnellement un tableau pour le détruire et je j’ai détruit ». Une œuvre qui aux côtés d’autres « me marier », « provoquer une bagarre » ou « se raser à moitié » n’apparait finalement pas si dénuée de sens, pour nous autres spectateurs. Dans le même temps, Ben tente de s’approprier des notions et des objets, qui à première vue ne lui appartiennent pas. Ce jeu conceptuel l’a amené à signer « Dieu », un trou, des objets de la vie quotidienne. Si tout est art, alors autant le signer a dû se dire l’artiste. Ainsi, en signant tous ces objets, Ben nous dévoile ses « appropriations » qui depuis font partis de son œuvre. 

Dans la seconde partie, le musée Maillol donne carte blanche à Ben pour l’agencement de ses œuvres. On découvre alors un coté beaucoup plus personnel de l’artiste. Un coin de l’exposition est par exemple lié à sa sexualité, sa peur du temps qui passe ou encore son mépris pour la guerre. Tout cela en gardant son humour que j’ai particulièrement affectionné. 

En conclusion, c’est une exposition qui m’a fait rire et qui a surtout, vous l’aurez compris, a bousculé mes convictions sur le rôle de l’art mais surtout de l’artiste, m’amenant ainsi à me questionner plus largement sur une multitude d’autres sujets.  

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A retenir : Un artiste prolifique, une scénographie très espacée qui permet au visiteur de vraiment profiter de l’expo, une réelle compréhension des questionnements de l’artiste, un tarif préférentiel de 5€ pour les moins de 25 ans.

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Antoine Roux